Les franges musicales
Pour la musique, c'est identique. Ce sont les silences entre les notes, les similitudes d'octaves et les rythmes harmoniques qui font la richesse de la mélodie. Un son à fréquence et amplitude constantes n'a pas de texture. Quand on pense à la Musique, ordinairement on pense : sons, phénomène vibratoire, profusion de timbres, un monde de résonnances. Dans sa réalité, la musique est une matière sonore qui vient s’insérer dans ce qu’on pourrait définir comme une espèce de vide, mais aussi une quasi-substance : le silence. Celui-ci, à l’opposé de la musique, n’est susceptible d’aucun vibrato, d’aucune réverbération ; il ne module pas. Dans l’exécution même du morceau on va soigner l’apparence sonore, le monde vibratoire, le jeu spectral, mais pas seulement : de même qu’une seule note n’est pas encore musique, mélodie ou rythme, le silence n’acquiert valeur, matière, « vibration » qu’entouré de sons musicaux. Il devient à son tour musique.
Sur la partition les signes représentant les silences sont précis et mesurés. En tant qu’intervalle rythmique, le silence est exact dans sa notation au même titre que les notes. Par-delà la performance instrumentale, le musicien est un magicien-alchimiste qui amalgame les sons au silence pour créer la matière musicale.
Tiré du site :
pianodoux